Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/127

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de tels aphrodisiaques, tels projets de vie somptueuse où nous partagerions la gloire ou l’amour, que votre vin de la reine me semble fade… On ne peut jamais causer sérieusement avec vous. Vous me menez comme un bébé en lisière. Je vous ai plu. Je ne vous plais plus. Dois-je disparaître ? Est-ce moi que je dois tuer ? Pourquoi, après une vertigineuse ascension, me laissez-vous tomber ? Vous ne m’aimez pas mieux que les autres, hein ?

— Je n’aime rien, je tolère tout. Quand on choisit un meuble, est-ce qu’on sait s’il s’adaptera à notre existence ?… J’étudie et je collectionne… Je ne suis pas pressée et j’ai horreur qu’on me presse, vous le savez bien.

Et elle le repoussait, sonnant Charlotte, dès qu’il voulait passer outre…

Ce jour-là, pendant que la duchesse Lionnelle rêvait, assise comme une exilée devant la maison déserte, une vieille barque emportait trois hommes à la dérive…