Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/131

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— Le foin n’est pas fait pour les chevaux de course ! grommela Stephen sans renoncer positivement au nid de chouettes.

Ils arrivèrent à une affreuse bicoque, moitié planches, moitié gravois, devant laquelle piaillaient des poulets, des poussins, une basse-cour au milieu des plus étranges débris abandonnés comme les restes inutiles à emporter d’un ancien déménagement… et là, surgit la mère Fonteau.

Stephen, qui n’aimait pas la nature, s’arrêta, médusé.

— Si cette sorcière ne nous tire par les cartes, fit-il, je veux bien consentir à ce que les parnassiens aient du talent.

La mère Fonteau, propriétaire de la bicoque-basse-cour, était une ancienne cantinière, non pas d’un régiment, mais de ces cantines-buvettes qui s’établissaient, jadis, sur les lignes de chemin de fer en formation. Elle était restée là, le chemin de fer fini, dans un provisoire interlope, tourmentée de temps en temps par le garde champêtre ou la police des mœurs, protégée par quelque puissant édile qui avait eu besoin de ses services… et hésitait à la chasser de son désert où elle faisait peur aux