Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/141

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vous apprendre à me respecter. Non, je ne prends au monde que ce qui devrait être à tout le monde. Le poisson de la rivière et le gibier des bois, c’est pas fabriqué par les usines, que je pense ? Je connais des chasseurs de la haute qui le disent tout bas, entre chien et loup, et ne vous tiennent pas rancune pour les pattes d’un faisan qui ne vadrouille plus !… Les chasses gardées ! En voilà des comédies inutiles ! Mon petit monsieur, vous avez de la chance ! Vous êtes né la cuiller d’or dans la bouche… moi pas. Cependant, je volerais pas votre cuiller… même si j’en avais envie !

Mme de Montjoie partit d’un éclat de rire musical.

— Ah ! Stephen ! Que c’est drôle !… Ne vous fâchez pas, monsieur Simon-le-Braconnier. La réflexion d’un poète de très mauvaise humeur ne compte jamais. Monsieur (elle lui désigna Eros) est un poète… Est-ce que vous comprenez ? Il n’est pas du tout mon… mon domestique.

— Un poète, gronda Simon, se balançant sur ses hanches moulées par un pantalon de treillis jadis blanc, c’est un qui fait des chansons ? C’est pas bien sérieux, et ce métier-là ne