Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/142

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me conviendrait guère. Je ne chante jamais parce que ça effraye les bêtes. Maintenant, madame, je vous fais bien des pardons pour ce que j’ai flanqué à monsieur. Des fois que vous loueriez ou achèteriez la maison, je vous y apporterais des cailles. Vous devez les aimer quand elles sont bien grasses. Toutes les femmes sont gourmandes. Comment vous appelez-vous ?

— Madame est la duchesse de Montjoie ! déclara Stephen très froidement.

— Je m’appelle Lionnelle, dit simplement la duchesse de Montjoie en tendant sa main gantée de daim clair au braconnier.

Celui-ci la prit délicatement, comme il aurait soupesé une de ces cailles dont il venait de parler.

— Ce gant-là, madame, fit-il gravement, l’examinant en connaisseur, vous a coûté, à vous, deux fois le prix que j’ai peut-être vendu tout l’animal au marchand : c’est du daim jeune. Il faut les prendre au collet, dans la saison des amours, quand ça va droit devant soi vers les femelles sans songer à se garer des pièges. Il y a pas plus bête qu’un daim jeune… sinon peut-être bien ceux qui les traquent sans