Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/161

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pièces et détruit de portées, c’est effrayant ! Or, il était tout de même appointé pour garder… Les gens de Paris, qui viennent à la campagne, comme vous voilà vous, ils ne connaissent rien à rien… et ils ont confiance dans leurs domestiques… parce qu’ils ne peuvent pas faire autrement.

— Pardon, cher monsieur, interrompit Lionnelle, qui se passionnait à ce roman vraiment neuf pour son imagination d’aventurière de haut vol. J’ai une confiance limitée. Je consens à ce qu’on m’exploite, puisque je le sais. Seulement… vous avez pu changer de maître, moi je ne peux pas changer de domestiques : ils sont tous les mêmes. Ah ! comme je voudrais être libre de courir les bois !

Il prit son couteau d’argent par la lame et frappa sur le dos de la main de Lionnelle avec le manche d’ivoire.

— Vos mains n’en seraient pas plus belles, fit-il moqueur.

Elle se mordit les lèvres et retira sa main, un peu meurtrie, quoiqu’il eût frappé le plus doucement possible !

— Merci, fit-elle, en songeant qu’on pouvait avoir envie, en effet, de serrer les couverts.