Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/181

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transporté, il tint tête et essaya de sauver la face, pas pour lui, mais pour sa poule de luxe, selon le titre que la vieille sorcière octroyait généreusement à Lionnelle.

— Ah ! çà ! depuis quand les dames de Paris ont des comptes à vous rendre ? déclara-t-il sans voir que la petite servante se repliait sous l’aile de son bras, de nouveau terrorisée. Mme de Montjoie voulait visiter le château de Coulance, où j’ai été élevé et que je connais comme ma poche. Je lui en ai fait les honneurs en l’absence du maître de la maison. Cet imbécile-là ne vit jamais chez lui. (Il éclata d’un rire d’enfant encore en vacances.) On est passé par le saut du loup sans rien demander à personne et, ma foi, on a fait l’école buissonnière. Ce qu’elle est gosse, cette femme-là, c’est curieux ! On en oublie son mauvais genre et le monde qui l’entoure. Non, elle n’a pas de malice pour un centime. Elle a joué à la mendiante, à la voleuse. Imaginez qu’elle a volé les plus belles roses du parc… même qu’elle m’en a donné une pour mettre à ma vareuse. (Il jeta un coup d’œil lumineux à la fleur qui, pourpre, le décorait d’une flaque de sang, dans l’ombre, et reprit.) Allons ! Ne cherchez pas la