Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/187

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dait le fantôme d’un bonheur trop haut pour lui.

Ils faillirent être surpris par un vieux bonhomme qui émondait une haie. Mme de Montjoie s’avança, très hardiment.

— Mon ami, dit-elle, où est donc l’allée des grands platanes qui conduit à la grille d’entrée ?

Et le vieux jardinier, tout décontenancé, lui montra la direction, en ôtant sa casquette.

En revenant dans l’auto, ils furent plus sérieux.

L’ombre les enveloppait et la tristesse du soir les touchait de son aile froide.

— Simon, lui dit-elle en glissant à son petit doigt une de ses bagues qui d’ailleurs n’entra même pas jusqu’à la première phalange, je ne veux plus de cette fille rousse dans ta vie… c’est un danger. Voici de quoi la payer. Peux-tu me la sacrifier sans trop de peine ?

— Oui, puisque je sais faire, maintenant, la différence entre les deux… amours. Ayant goûté au tien qui est une bien belle invention, ma foi, je n’en saurais désirer d’autre. Mais garde ta bague. Tu me fais honte. C’est mal-