Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/194

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sinon la bague, tout au moins deux fois sa valeur. Or, la duchesse avouait.

— Sans Vous commander, madame la duchesse, c’est pourquoi que vous la lui avez donnée ?

— Pour Son plaisir et pour le mien. Le saphir, c’est la pierre des blondes, madame. Votre bonne est rousse, je crois, c’est-à-dire blond Titien.

La mère Fonteau ne perdit pas la carte, malgré les épithètes qu’elle ne comprenait certes pas, et elle riposta :

— Alors, comment donc que Vous lui avez refilé ça par les mains de son amant ? Ça fait jaser dans le pays ! Ce garçon n’a pas le moyen de se payer des cadeaux de princesse, comme de juste. Ça peut lui porter tort. Elle dit, notre Ida, et je suis bien forcée de m’en rapporter à elle, vu que j’assistais à l’affaire. (À ce passage de son discours, Mme Fonteau éteignit la lueur verte de ses yeux de Vieux chat sous ses paupières grasses.) Excusez la liberté que je prends, mais ces deux petits-là s’aiment devant moi, je connais la couleur de leurs caresses et c’est du miel, car c’est jeune, ardent, ça ne songe qu’à ça, cependant ça