Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/203

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turne. Une robe du soir en satin cuivre voilée de mousseline jaune souple et brodée de paillettes d’argent. Charlotte lui drapait un châle de crêpe de Chine en manière de domino, un léger capuchon de dentelles blanches retombant sur ses yeux étincelants de chatte en maraude.

Stephen, malgré la présence de Charlotte (qui en avait vu bien d’autres), s’accrocha désespérément à ses jupes, la suppliant sur un ton de petit enfant navré de renoncer à ses confitures :

— Non ! je vous en prie, Lionne, n’y allez pas ! Vous êtes perdue si vous mettez un seul doigt dans cet engrenage. Ce sont tous des bandits, lui comme les voisins. Qu’est-ce que je vais devenir, moi, avec mon livre de critique paraissant en octobre et on doit m’envoyer les épreuves ici ? Vous êtes absolument insensée, d’autant plus que vous n’aimez que votre caprice et pas du tout ce garçon. Songez donc, malheureuse, que vous pouvez ramener des… oui, des poux, de cette caverne ! J’en ai la chair tout hérissée, rien qu’en supposant ça ! Voyons, vous, Lionnelle, duchesse de Montjoie, avec votre nom, votre train d’existence, ris-