Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/219

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venger sur toi, Simon. Elle n’en voulait qu’à la dame. Ça n’a pas réussi… ni vu ni connu, elle inventera autre chose.

Ida baissa la voix et les yeux :

— Est-ce qu’elle est encore là, ta dame ?

Le grand braconnier enroulait autour de ses reins, en guise de ceinture, un lambeau de satin jaune d’or. Ses gestes étaient lents, lassés et mesurés. Il semblait si préoccupé qu’il n’entendit même pas les réflexions d’Ida au sujet de la blessure de sa victime. Les gendarmes ne viendraient pas, c’était l’essentiel.

— Écoute, Ida, fit-il, je suis triste à mourir, j’ai besoin de toi pour arranger l’autre histoire. Mme Lionnelle n’a plus ni chemise, ni robe, ni manteau, et moi je n’ai rien d’assez propre à lui prêter. Il y a aussi qu’elle ne veut pas rentrer à la villa, elle veut s’en aller à Paris tout de suite.

Il poussa un soupir et s’assit sur le banc des rocs, la tête dans ses mains.

— Ida ? Sais-tu ce que c’est qu’un amour qui vous glisse des doigts quand on s’imaginait le tenir bien serré ? Sais-tu ce que c’est que quelqu’un qui vous a voulu, aimé, jalousé, puis qui ne peut plus vous souffrir ?