Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/221

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

une si belle gosse ! Tu n’es qu’une brute ! Elle te cherchait pas, bien sûr ! Elle a voulu déjà me donner mille francs et elle m’a embrassée comme on embrasse une sœur ! Tiens, moi non plus, je ne peux pas te sentir, Simon.

— Ça m’est égal de ta part, mais, de la sienne, ça m’étonne. Enfin c’est ainsi, j’y peux rien. C’est un gibier de salon que je ne connais pas. Quand on n’est pas du même monde, on ne s’apprend pas, faut croire. Si je te disais, Ida, que j’ai couché dehors en attendant qu’elle s’endorme ! J’en pleurerais tout le sang de mon corps, parce que, moi, je ne pourrais la faire sortir de mes veines que comme ça. J’en suis plus fou que jamais. Enfin, elle s’en ira, quoi. Je l’attendrai, et elle reviendra peut-être plus tôt qu’elle ne pense. C’est une colère d’orgueil qui la dévaste… à cause aussi de ses robes chiffonnées.

Ida, comme la subtile belette, la fouine rousse, qui traverse les haies, les barrières, les murs, se faufila jusqu’à la villa.

Ces messieurs de la maison vierge déjeunaient joyeusement. Nul ne doutait que madame ne fût dans sa chambre, persiennes closes, en train de dévorer un mystérieux affront,