Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/229

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n’aurons donc plus qu’à nous occuper de l’avenir. Le passé n’existera plus ni pour vous ni pour moi.

« Sur vos précises indications, je me suis rendu au lieu-dit : la maison vierge, votre dernière résidence, et, malgré que ce fût en plein hiver, j’y ai trouvé la plus déplorable compagnie et la plus grande dilapidation. Trois personnages, qui me semblaient sortir de la comédie italienne, menaient là-dedans le plus singulier des trains, les uns coupant les arbres de votre parc pour les vendre, et les autres y introduisant des personnes du plus mauvais ton. J’ai fait nettoyer cette bicoque, ne méritant certes pas, ou plus, son nom, j’ai cassé aux gages une petite pimbêche, votre ex-femme de chambre devenue, je crois, du dernier bien avec votre intendant, et j’ai eu, enfin, maille à partir avec un jeune godelureau, se disant poète, auteur d’un livre de critique dont j’ai dû acheter une édition entière, parce que cet étourneau avait cru bon de vous le dédier, ce que je ne saurais permettre, votre nom étant aussi le mien. Ayant eu la curiosité de parcourir ce libelle, durant un ennuyeux trajet en