Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/27

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La panne ! Au milieu de la route et avec une rage décuplée de mari pressé, jointe à celle de l’automobiliste froissé dans son amour-propre, il déballa toute une trousse de barbares instruments chirurgicaux et se mit à examiner la situation.

Elle, demeurait immobile dans la grande fourrure, toute petite et blanche comme une fleur d’oranger tombée dans une nuit d’orage.

Pendant que son mari se battait avec des armes dont elle ne connaissait point l’usage, les deux rivaux continuaient à se pourfendre dans son cerveau où rayonnaient encore les ballons rouges de l’illumination nuptiale, des éclats de rire de ses demoiselles d’honneur et les joyeux refrains de l’orchestre.

Elle était là, seule, dans un pays sauvage, une forêt s’ouvrant devant elle, percée par les deux glaives des phares. Tout était tragique, effrayant et blessant pour ses yeux trop neufs. Elle les ferma, voulut s’absorber dans une contemplation intérieure, revoir son mari lui disant : « Quand vous serez à moi, je vous dirai… »

Il vint la tirer de ce songe pour lui dire, assez brutalement :