Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/39

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

des cils, se pencha plus avant sur l’album des illustrations grivoises traînant sur le marbre de la table, et s’absorba dans la contemplation d’une midinette bien parisienne vêtue d’un carton à chapeau qu’elle étalait en feuille de vigne.

— Ma Linette chérie, expliqua Julien songeant qu’on perdait du temps à vouloir explorer les méandres de la mauvaise humeur virginale, il me faut conduire la voiture chez un homme de nos ateliers. Ça peut durer une heure ou tout l’après-midi, je n’en sais rien. Quant à la guigne, tout s’en mêle. Chemin faisant, je rencontrerai peut-être un hôtel, borgne ou non… Si je n’avais pas peur des puces et même de choses pires… je sais bien que l’on trouverait des auberges en banlieue ; seulement c’est vous, votre robe… vos guirlandes. Ah ! ce qu’elle a eu du nez, votre mère, de vous conseiller de garder ce costume !… Encore moi, avec un ciré, mon habit passera partout ; mais vos petits boutons luisants… c’est scandaleux ! J’aime autant vous laisser ici. Vous avez cette table bien à vous ; entassez là-dessus toutes les friandises qui vous tenteront Assise à l’ombre et devant un sorbet à la