Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/46

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dégagée, en fait un officier en bourgeois, quelqu’un qui se déguise après avoir porté un bien plus sévère uniforme.

Céline perd la tête. Ah ! cette atroce fumée de tabac autour d’elle !

— Monsieur, je voudrais bien m’en aller d’ici !

— Très volontiers ! Où voulez-vous que je vous conduise ?

Il se lève, remet des gants, machinalement. Ses mains sont larges, très blanches, sans bague. On les devine fortes et caressantes.

Il la contemple, les yeux plongés dans ses yeux qui l’implorent contre il ne sait quel ennemi. Et, tout à coup, il se penche pour lui dire, la voix frémissante d’une passion impérieuse, folle :

— Dieu, que vous êtes jolie ! J’irai avec vous où vous voudrez. Quant à celui qui doit revenir, je le tuerais volontiers sans même avoir l’honneur de le connaître, puisqu’il vous a fait pleurer.

— Oh ! monsieur, que vous êtes bon ! murmure-t-elle, ravie par cette voix qui la transporte dans un pays de rêve où la violence est