Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/64

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cabinet de toilette et si madame ne veut pas remettre sa robe fripée par le voyage, un déshabillé de circonstance est sur le lit.

Céline n’avait jamais voyagé. En outre, elle ignorait les usages des grands palaces, mais comme elle avait lu certaines descriptions de magazine, elle ne s’étonnait pas de ces détails prestigieux. C’était un peu comme dans le conte de la Belle au Bois Dormant, à part qu’elle se sentait très réveillée, comme éblouie de la grâce de cette demeure si étrangement mise à son entière disposition.

Quand le valet obséquieux fut parti sur la pointe des pieds, Linette tira le verrou. Il lui fallut au moins une heure pour jouir de tout le confort, eau chaude et eau froide, jeux de l’électricité et essayage du galant déshabillé. La chambre était tendue de soie bleue sur laquelle des meubles de Boule rayonnaient doucement. Et le plafond en était haut, haut, comme un ciel d’où un amour penché tenait le plafonnier d’opale dans sa main rose.

— Mon Dieu ! murmurait Linette en drapant ce peignoir de dentelles fluides, un peu grand pour elle, sous un de ces cordons de fleurs d’orangers en ceinture, si nous restons