Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/65

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ici quelques jours, ça sera peut-être impossible de s’en aller. Comme on y serait bien… toute seule !

Et tout à coup elle entendit heurter à la porte, impérieusement.

— J’y vais, Julien, fit-elle obéissante, sans se demander comment, puisqu’elle l’avait laissé dans le bureau de l’hôtel discutant sur la carte des vins, il pouvait en venir là.

— C’est ridicule, déclara-t-il furieux et très rouge ; vous ne pensez pas faire chambre à part, dites ? J’ai eu toutes les peines du monde à vous dénicher, et si une bonne attendant dans le couloir ne m’avait pas prévenu… je devenais la fable de cet hôtel. Ah ! nous allons savoir ce que ça nous coûte, oui ! Charmant ! Vous n’avez pas soif ?

Il alla se laver les mains dans le bain du cabinet de toilette et revint de plus en plus nerveux. Il ne songeait même pas à l’embrasser.

— Ma chère amie, vos manières indépendantes ne me plaisent pas du tout. Vous attendrez, une autre fois, que je vous suive pour monter chez vous puisque c’est aussi chez moi. Allons dîner, j’ai faim.