Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/89

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Célinette… est-ce que vous dormez ? Moi, j’ai fini.

— La femme aux cheveux d’or qui criait, murmura Céline soulevée de curiosité et de jalousie, était-elle bien morte ?

— Heureusement pour elle et pour nous tous, la pauvre gamine ayant suivi un amant jusque dans nos soutes !

— Est-ce qu’elle était plus jolie que moi ?

Ils se turent, les yeux dans les yeux. La barque se balançait mollement, très loin du château, de l’Hôtel du Grand-Veneur, au milieu d’une ombre légère secouée sur eux, en coups d’éventail de plumes par les tamaris.

— Ah ! Céline, gronda Paul de Sardres perdant patience, je n’en sais rien. Il faudrait, pour juger cet autre cas de révision, que les deux modèles à comparer fussent dans le même costume.

— Paul, mon cher amour, je suis alors très heureuse, parce que vous n’aurez jamais la preuve de mon infériorité puisque vous ne serez jamais mon mari. Un mari a le droit d’exiger que sa femme aille en peau le soir au bal ou au théâtre ; maman me tourmentait