Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/15

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qu’agréables, que mon cousin m’avait épousée.

Ma mère, en mourant, m’avait confié Madge, qu’elle adorait et qu’elle était désespérée de laisser au moment où elle allait jouir de sa gentillesse. Je lui jurai de ne jamais quitter ma jeune sœur, de lui faire, s’il était possible, la meilleure des positions dans notre monde. Ma mère ne m’aimait pas comme elle aimait Madge ; mais j’avais toute sa confiance, j’eus le bonheur de lui faire au moins une mort tranquille par ma promesse. Je l’ai déjà dit, mon instruction était solide, je fis celle de ma sœur sans le secours de personne. En épousant Edgard, la fortune me permit de la rendre heureuse. Elle n’aurait su vivre dans la médiocrité, ses désirs étaient impérieux, ses caprices d’enfant gâtée étaient les caprices d’une grande dame. Malheureusement, elle raisonnait parfaitement ses désirs. Elle avait une volonté tenace.

Elle calculait si bien ses folies qu’on finissait toujours par se demander si ce n’était pas la raison qui la faisait agir. Quand on veut quelque chose, savoir attendre cette chose c’est presque la posséder. Il y avait trois ans