Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/266

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— Eh bien ! Mie Cathe, pense bien qu’ils doivent aussi se faire des accrocs tous les deux ; laissons-les s’amuser et conte-nous ton histoire !…

Il faut vous dire que Mie Cathe ne racontait jamais sans s’interrompre ; je lui posais beaucoup de questions : les bons livres demandent à être discutés.

— Il y avait une fois un garçon et une fille qui s’aimaient d’amour…

Mes quinze ans sonnés permettaient sans doute la phrase à Mie Cathe, mais moi, j’eus un petit tressaut.

— Hein ?… Mie Cathe, qu’est-ce que c’est que l’amour quand ce n’est pas dans les chansons ?

— C’est une maladie.

— Ah ! Et je lui offris pour me réconcilier un marron vraiment doré à point.

— «… Qui s’aimaient, reprit la paysanne se brûlant la langue et hachant ses phrases, qui s’aimaient… (Ce marron est trop cuit.) La fille était belle quoique pauvre. Le jeune homme… (retire les autres du feu) s’appelait Jean-Pierre, et elle… (ça te gâtera les dents). »