Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/272

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Je compris que mon admiration devenait stupide. Je la fis entrer avec une sorte de respect. Mie Cathe prépara un verre de vin brûlant. Tobie donna sa place et le précepteur prit la fuite.

« Sûrement… c’est celle qui revient ! » chuchotait Mie Cathe, atterrée.

La petite n’eut point d’histoire à nous apprendre. Elle venait de loin et y retournait. Son singe était mort. Elle savait chanter, vendre des allumettes de contrebande, montrer des bêtes savantes.

Maintenant, elle faisait comme son singe… elle passait de froid. Voilà !

Elle parlait doucement. Ses mains, que je frottais dans les miennes, étaient très petites. Elle était jolie, oh ! si jolie… que j’en demeurais pétrifié. Les beaux yeux ! les beaux cheveux ! Mie Cathe lui prépara un lit à côté du sien. J’allai fouiller moi-même dans les armoires de mes grand’mères, et je rapportai une ancienne robe de soie rouge, quelque chose de fantastique. La mignonne faillit se pâmer. Elle s’affubla de ce chiffon avec une véritable science. Puis elle se mit à chanter, à danser,