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Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/11

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La reine est morte. Vive la reine ! Oui, accours et change, sous tes bonds, les paisibles ruisseaux en torrents furieux. Abaisse le front bovin des arbres pour que, te voyant, ils deviennent fous, s’excentrent. Broie des fleurs et des insectes afin de m’être plus odorante et plus venimeuse. Apporte-moi les deux clés pointues de tes seins pour les mettre en les deux tendres serrures de ma poitrine. Ouvre-moi le cœur. Ce ne sera pas difficile, j’ai tellement le cœur partout…

Si je fredonne le madrigal à la volupté, c’est que je vais faire des bêtises ; je suis en mal d’aventure, et, n’ayant rien encore bu, me voilà déjà gris. J’ignore ce qui peut m’arriver. M’arrivera-t-il même quelque chose ? Je pense que ce ne sera pas la reine en question. Cependant une étoile est sur moi. Ma vie d’amour a toujours été merveilleuse, car je l’ai voulue merveilleuse. J’ai senti tout à l’heure, durant mon sommeil, que mon astre me regardait. Il a coulé vers moi un rayon, et mes paupières conservent l’impression d’un bain de lait.

Je me dirige du côté de mon cabinet de toilette où des clartés pâles m’attirent. Des