Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/112

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idole, fait plus méchant le profil de la princesse qui a l’air d’un garçon de quinze ans. Elle n’a pas de hanche et ses jambes pures s’étirent en fuseaux pâles. Elle n’a pas de ventre et l’on dirait que ses épaules fuient en deux lignes droites jusqu’à ses pieds étroits dont les orteils sont fleuris de scarabées peints. Elle est brune et blanche comme le fruit coupé des cocotiers. Elle semble toute petite, aussi très grande, quand elle se hausse pour y voir mieux. Des dessins violets terminent ses sourcils dont les extrémités, en flèches, vont rejoindre ses cheveux. Elle a un tatouage au-dessus de son sexe soigneusement épilé : il représente l’œuf du monde, un petit œuf plus ovale que les autres œufs, fendu de lignes rouges et couronné d’un serpent. Sur chaque joue de son visage, une étoile ; sur les deux moins rondes joues de ses fesses, deux croissants. De temps en temps, elle prend les cloches d’or voilant sa poitrine pour en faire des cymbales qu’elle heurte d’un léger coup harmonieux.

Accroupies près d’elle, les pieds retournés dans leurs paumes, ondulent, aux mouvements de navire de l’éléphant, deux filles