Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/113

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complètement nues, deux esclaves. La première tient l’éventail de byssus, la seconde la boîte des fards et des parfums. Elles, ont les paupières closes, ne s’intéressent à rien, attachées par une corde comme deux bêtes entravées.

Derrière la princesse, un enfant nègre, joli et de justes proportions, hausse le parasol de plumes. Il doit avoir dix ans. Il ne parle pas, ayant eu la langue coupée dès sa naissance, mais ses regards étincelants sont fiers. On le dit fou parce qu’il est le seul qui ose regarder la reine en face. Peut-être ne la voit-il plus, frappé du vertige de la peur.

Des Égyptiens armés, des prêtres mitrés se serrent contre lui, à l’ombre.

Un singe est assis au rebord de la corbeille de palmes qui contient Cléopâtre et sa cour, des tapis soyeux pendent, en houppes.

Le conducteur de l’éléphant, un eunuque drapé de laine jaune, chante une mélopée triste au son de laquelle marche, solennel et somptueux, cet énorme vaisseau blanc sur la mer houleuse des sables.

On marche ainsi depuis le matin et la chaleur se fait terrible.