Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/117

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dos de l’éléphant immobile, comme dans de la lumière, elle marche d’abord la tête inclinée, les bras arrondis en bras d’amphore blanche. Elle agite ses petites coupes d’or qui rendent un son aigûment sauvage.

Les esclaves, les grands Égyptiens préposés à sa garde, se sont assis en cercle autour du rayon qu’elle forme.

Ils ont tous les yeux fixes ou vides des morts qui jonchent le sol.

Ils sont sans autre âme que l’immense désir.

Et se corrompent, comme les morts, à la regarder vivre.

Elle saute deux fois, tourne sur elle-même, plus vite, oscille au vent de la pourriture comme une branche fleurie.

Elle respire au milieu d’eux et du champ funèbre comme en un jardin.

Elle se sent si belle !…

Ses yeux longs, mi-clos, ont des lueurs que jettent les yeux d’enfant avant de s’endormir.

Et elle heurte plus fort ses petites cloches, les secoue sur eux comme si elle voulait faire neiger ses petits seins.