Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/118

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Le jeune noir est debout, en face d’elle, il la regarde sans la voir, dans une extase triste…

Soudain, on entend, répondant aux tintements d’or des cymbales, un miaulement bizarre, un râle de joie éperdue ou un cri de colère.

La reine s’arrête.

Elle se penche en avant.

Puis en arrière.

— C’est un tigre, dit-elle, pas très émue.

En effet, il y a, couché sur un monceau de cadavres, un animal très grand, ou qui paraît grand parce qu’il s’allonge, qu’il a la coutume de ramper, et dont les yeux sont phosphorescents.

Il bâille, très énervé de voir ce qu’il voit.

Très étonné aussi.

Il a mangé. Il est repu pour la première fois depuis bien des jours, il a vraiment trouvé toute la nourriture de sa faim.

Il est joyeux. Il a pu achever beaucoup de mourants, finir leurs tortures.

Il allait dormir quand lui est apparue, au clair de lune, un autre animal, rampant et s’allongeant debout, une bête blanche qui