Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/156

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voir tout expliquer, je suffoque, je pleure presque réellement.) Thilde ! je ne suis jamais plus sincère que quand je fais de la littérature et j’ai dit, tout à l’heure, que je ne pensais pas un mot de ce que j’écrivais… je ne me reconnais plus dans la sincérité de tous mes mensonges. Ah ! Tu es écrite, Thilde, comme les autres ! Je pleure parce que la vie vraie se fait mal et fait mal, mais je ne suis pas capable de la refaire. Je ne peux que lui draper, aux épaules, le peplum de ma fantaisie. Tu n’as pas l’air de comprendre, et Elle ne comprend pas non plus, moi aussi je ne comprends rien… (sanglot). Thilde, si tu me chasses, je vais tomber dans un abîme noir. Je vais tomber dans des yeux si grands qu’ils pourront refermer sur moi leurs paupières et que j’en mourrai. Ah ! Thilde, protège-moi ! Je ne suis plus digne que de tes caresses… et je fais serment de te les rendre, oui, toutes !…

— Serment d’ivrogne ! ajoute Thilde risquant d’être spirituelle.

Je ris à travers mes larmes d’homme nerveux.

— J’ai rien bu, Thilde, je t’assure… voilà