Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/155

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goûté, ennuyé, je reviendrai seul pour me retrouver avec mon double dont les yeux, deux trous, que semblent avoir creusés les miens à force de regarder dans le vide, me regarderont, m’aspireront à leur tour.

— Vous êtes au-dessus des femmes légitimes et je saurai toujours vous faire respecter… même par moi.

Du lyrisme. (Il n’est pas en or comme celui du ministre.)

— Vois-tu, Mathilde, je suis très malheureux. Je ne peux pas te dire tous mes chagrins, tu te moquerais de moi. J’ai besoin de m’étourdir, de brûler ma vie. Je suis un enfant malgré mon âge d’homme, et je suis tellement vieux. J’aime, je crois être aimant, puis, je n’aime plus, on ne m’aime plus. Je suis un gosse égaré sur le parvis d’un temple. Je cours après toutes les femmes qui entrent et sortent, murmurant des chapelets trop longs… Je cours, et ce n’est jamais ma mère, ce n’est jamais ma sœur, ce n’est jamais mon amie, celle-là est trop blonde, celle-là est trop brune, celle-là est trop petite… et des quêteuses passent me demandant pourquoi je pleure. (J’enrage de ne pas pou-