Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/176

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yeux d’idole et ne voient point. Je crois que cet homme est très malade. Il est couvert de cicatrices. Il a enlevé l’étoffe de pourpre qui le couvrait, posé une cuirasse d’or et des armes. Il ne lui reste, au cou, qu’une espèce de carcan de métal où étincellent des gemmes énormes. Ce n’est pas un esclave, car il a la peau blanche et soignée des patriciens qui vont aux étuves. Ce n’est pas non plus un simple soldat. Il serait déjà mort de toutes les blessures qu’il a reçues. Ni beau ni laid, il a le profil accusé des volontaires, le menton fendu et la bouche mince des voluptueux cruels. On devine son habitude de dompter ou des chevaux ou des hommes. Seulement, sous le charme, à son tour, d’un dompteur plus féroce que lui, le malheureux se laisse aller au fil de son plaisir.

La barque glisse et s’éloigne, emportant les esclaves qui brûlent des herbes odorantes, les mains levées.

Je suis réveillé par une phrase de Reine : — Voilà des types nus avec une corde. — Hein ! des hommes nus ?

Je bondis et la saisis à la taille pour la défendre contre les soldats de César.