Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/184

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Je la regarde. Elle est toute pâle.

Je regarde ma manchette. Elle est toute rouge et le sang ruisselle sur la nappe.

À présent cela me fait souffrir un peu, parce qu’elle vient de retirer le couteau.

— C’est bête, Reine, on va causer et s’extasier là-dessus… c’est très bête. Aidez-moi vite à nettoyer le sang. Nous ne sommes pas en Égypte ici.

Machinalement elle prend les serviettes, les mouille, et arrange des compresses.

— Vous pouvez me dénoncer, je ne me plaindrai pas !

Ce mot dénoncer est impayable dans sa bouche. De quoi suis-je complice, mon Dieu ?

— Tu es une sotte. Je n’aime pas plus les histoires de police que toi, et une jolie femme a toujours le droit de se… défendre.

— Je serais contente d’aller en prison.

Mon bras est enveloppé. Il me semble très lourd.

— Pourquoi serais-tu contente d’aller en prison, espèce de folle ?

Elle s’accoude, songeuse.

— Vois-tu, faut jamais me parler de couteau, ni de mon petit homme.