Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/185

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Je frissonne des pieds à la tête.

Il fait frais sous cette tonnelle sombre.

— Quel petit homme, dis ?

— Je ne suis pas grise. Je ne suis jamais grise. C’est le premier coup de surin que je fiche, et ça m’a produit un effet… j’aurais pas cru. Est-ce que ça t’a fait mal, à toi ?

— Non. Pas au bras, toujours. Ta dernière virginité ? Merci. On donne ce que l’on peut, ma fille. Il est donc en prison, le petit homme, et tu voudrais le rejoindre ?

— Oui. (Ses yeux longs se ferment langoureusement, elle s’étire, dans un bâillement sourd.) On l’a emballé parce qu’il a fait la même chose pour moi.

— Celui en soldat sur ta cheminée ?

— Tu es un malin… mais je ne suis pas grise. La fois du portrait, il était encore au régiment. Il en est sorti. Puis, on s’est battu devant ma porte, et il a éreinté un client. Nous avons été des tas pour témoigner. Maintenant, la police me surveille parce que j’ai dit que c’était moi qui lui faisais son truc.

Elle achève sa chartreuse et se mord les lèvres.