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Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/202

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Je suis hérissé de respect, ainsi que peut l’être un porc-épic de ses dards naturels.

Elle est là, devant ma bibliothèque, solennelle et flottante, s’emparant de toute l’atmosphère comme une bannière de procession.

Des yeux sévères, un nez pointu et des lèvres minces, en lame de yatagan.

Encore belle, toilette d’un goût sobre, pour seul bijou un Saint-Esprit pendu au col, agrémenté d’un onyx qui me regarde avec la prunelle d’un chat mystique.

Je ne suis pas très rassuré.

Il doit y avoir quelque histoire plus grave que mon duel.

— Alors, mon fils, vous pourriez mourir et votre mère n’en serait informée que par les journaux ?

Voix douce, timbre de cloche de chapelle, argentine, cristalline, mais elle se tient à quatre pour ne pas me foudroyer sous le doigt de Dieu qu’elle garde au fond de sa poche.

Je me lève péniblement, j’offre un fauteuil, je traîne la jambe et le bras.

— Une toute petite chute de bicyclette,