Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/203

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ma chère maman. Ce n’est rien… en attendant celle dans le purgatoire. Je suis touché de votre démarche, devinant bien ce qu’elle a dû vous coûter d’hésitations.

Elle fait le tour du salon d’un regard noir.

Il y a, chez moi, des photographies plus que décolletées et quelques obscènes chinoiseries de jade, possédant de vagues ressemblances avec le doigt de Dieu.

— Oui, je suis désolé, mais il fallait me prévenir de votre visite. J’aurais mis l’appartement en état de vous recevoir. Joseph !

Joseph paraît et, sur un signe (comme il est stylé aujourd’hui), enlève les objets du culte profane.

Pendant cet enlèvement, ma mère contemple son Saint-Esprit.

— Vous faites de la bicyclette, vous ? dit-elle, rompant notre silence d’église.

— Depuis que vous avez vendu mes chevaux, ma chère maman.

Ce n’est pas vrai, je n’aime pas ce sport, seulement c’est pour la phrase.

Elle pince les lèvres, de sorte qu’elle n’a plus de bouche du tout.