Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/206

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Un bond.

— Ma tante se meurt et vous ne m’en dites rien ?

— Est-ce que vous me prévenez, vous, des accidents qui vous arrivent le long de vos courses nocturnes ? Voyons, mon cher enfant, pas de scènes. Vous pratiquez trop le théâtre pour que vos grands gestes m’émeuvent. La sincère douleur est toujours muette. Vous n’allez pas me dire que cette vieille femme vous tient encore… de très près ? Oui, Mme Chasel va rendre son âme à Dieu. Grâce à nous, elle est en passe de faire une fin édifiante. Elle n’a pas rompu, comme vous, avec tous les préjugés, toutes les traditions, elle s’est amendée, la solitude est une bonne conseillère, et du fond de sa retraite elle a pu juger de la levée du mauvais grain qu’elle avait semé en de certains cœurs ! Elle s’efforcera, j’en suis sûre, de réparer le mal selon tous ses moyens, avant de mourir. C’est, au moins, ce que m’affirme la digne femme que nous avons placée chez elle en qualité de gouvernante. En voilà une qui en a eu de la patience… depuis cinq ans !

Pauvre petite tante !