Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/238

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redingote plus cintrée encore que la mienne, beaucoup de chic. Il me parle avec un pli railleur de lèvres de mes œuvres. Il les a lues et il les admet. Ce Monsieur vend je ne sais quoi dans trois quartiers différents de Paris, et cela doit lui être joliment commode pour tromper sa femme, qui est bossue.

Elle est à côté de moi, petite tortue inquiète rentrant le col sous sa carapace de deuil. Un chignon noir superbe. Les bossues ont toujours de beaux cheveux. Là, sur la nuque, une petite place pâle, un trou de neige rafraîchissant, et pouvant, à la rigueur, mettre l’eau à la bouche.

Pauvre petite cousine ? A-t-elle eu son rêve d’amour, et l’a-t-elle réalisé ?

Déjà trois enfants. Une passive, une résignée, une excellente mère, dit-on. Je devine qu’elle a horreur de moi. Elle me fuit, se dissimule derrière des couronnes de perles gigantesques et ne m’a pas tendu la main.

Je comprends. Selon la légende, je suis le monstre incestueux, l’amant de sa mère, c’est-à-dire qu’au lieu de se dénommer ma cousine, elle pourrait aussi bien représenter