Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/241

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Elle est forcée, un moment, de s’appuyer sur mon bras, Madame Mère, et je crois que nous allons nous dévorer. Le contact du vice, tous les ferments de corruption… Horreur !

Elle appuie légèrement ses doigt noirs d’exorciste.

On dirait une fiancée qui n’ose…

Brutalement, je presse ce bras dans une inconsciente volonté de lui faire mal.

C’est trop de corvées pour un seul jour.

Nous passons.

Des réflexions, à la sortie : « C’est le neveu ? » « Oui, ma chère, il est bien. » « Quelle figure pâle ! Il a l’air d’un noceur. » « Ah ! Ah ! un de Rogès, ma chère, c’est toujours noceur. » On entoure le corbillard comme on entourerait une voiture de noce, en effet, et l’on parle trop haut.

Ma mère, cette fois-ci, a tout entendu.

Chose singulière, cela ne semble pas la faire s’évanouir, au contraire.

Ses yeux brillent. Elle pince moins la bouche. Ses narines se détendent un peu, lui festonnant un nez moins pointu. Elle pèse davantage sur mon bras, c’est une demi-se-