Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/260

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tellement j’ai peur de n’y plus trouver aucune ivresse !

Elle est là, étendue, comme morte, dans les coussins de faille jaune ; elle ne parle pas, respire à peine ; elle a l’air de dormir en s’enfonçant dans une autre chair, couleur d’orangé. Elle n’a qu’un peignoir de tulle noir, un transparent peignoir de fille ; et elle montre sa poitrine, tout son torse où se soulèvent ses petites côtes, un peu saillantes, glissant doucement sous les allées et venues de sa respiration lente. On dirait, ses petites côtes un peu saillantes, les plis onctueux d’une soie épaisse. On dirait qu’il n’y a rien entre le tulle du peignoir et la faille des coussins !…

— Chérie, tu n’es pas malade ? As-tu faim ? As-tu soif ? Veux-tu lire, puisque tu aimes tant à paresser sur des livres que tu ne lis pas ? Veux-tu des bonbons, des fleurs, des jouets… la lune ?

Ses cheveux noirs semblent ramener sur sa tête, en torsade funèbre, le deuil de sa robe, et le bandeau d’ombre, avançant sur son front, son bandeau royal, est plein de paillettes d’or. Elle a voulu de la poudre d’or…