Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/261

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Ce mauvais goût, parce qu’un soir de carnaval on lui en avait jeté, et qu’elle avait trouvé cela joli.

— Non, laisse-moi, j’ai sommeil.

Elle parle d’un ton bas qui fait mal tant il est résigné.

Elle étouffe, cette fille, pour ne pas pousser des cris injurieux.

Elle est chez moi depuis une semaine, et elle s’ennuie certainement.

À moins que dormir ne soit sa manière d’être heureuse.

Elle dort, elle s’éveille, boit, mange, et se rendort. Esclave, vraiment, car elle ne sort jamais, elle est servie par moi qui suis bien plus esclave qu’elle, puisque j’éprouve une volupté à contempler son sommeil. Tout lui est indifférent. Elle ne rit ni ne pleure, elle bâille un peu. Je suis en face d’un objet d’art, d’une statuette d’ivoire qu’un caprice m’a fait voiler d’une écharpe funéraire, et je me demande si ce n’est pas sur une tombe que je l’ai étendue pour mieux la regarder.

Je n’ai pas voulu qu’elle pût croire au paiement prochain de mon hospitalité et j’ai mis la discrétion d’un verrou à sa porte.