Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/267

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la jeunesse, bien spéciale, d’une toute jeune fille sortie des marchés du Caire, déjà souillée furieusement par ses vendeurs.

— Oui, tu as l’air d’une médaille, ai-je pensé tout haut.

Elle a paru réfléchir répétant, en écho : — L’air d’une médaille… toi aussi.

En passant son index, lentement, sur mon profil à moi.

C’est la première fois qu’elle me dit quelque chose.

Est-ce qu’elle se réveillerait, enfin ?

Je me mets à genoux et je la garde bien serrée contre moi pour que ses idées ne s’échappent plus.

Elle jette ses mots comme des cailloux inutiles dans une eau profonde, et cela me navre.

— Explique-toi, chérie ; où as-tu vu des médailles ?

— Donne de la chartreuse.

Elle boit la chartreuse verte de mes amis du vendredi, et elle en boit trois fois plus qu’eux trois réunis, mais elle cause moins.

Elle a trouvé un gobelet de vermeil sur une de mes étagères, et s’en sert pour que je ne juge pas des proportions.