Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/271

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j’avais faim de ça… j’aime beaucoup les oignons crus. Dans cette chambre, il y avait une armoire à linge, et dans l’armoire, un tiroir plein de médailles, des espèces de sous tout rouillés. On ne voyait rien dessus… (Elle s’anime.) Mais il y avait une médaille très grosse, aussi grosse qu’un oignon coupé, une belle en argent, pas rouillée parce qu’on l’avait nettoyée avec du sable. Il faut te dire qu’on trouve de ces affaires-là en labourant dans mon pays. Oui, mon vieux, je t’assure…

— Et cette médaille en argent ?…

Je parle tout bas pour ne pas faire s’envoler son souvenir.

— Sur cette grande médaille en argent, il y avait une tête d’empereur. Pas Napoléon, l’autre, et c’est à l’autre que tu ressembles. Tiens, en touchant, j’ai tout-à-fait l’idée de la médaille…

— Le profil de César ! Vous me flattez, ma reine.

Seulement, au lieu de rire, j’ai peur.

Je suis tellement pris aux moelles par cette femme, que j’en deviens superstitieux. Je regarde, effaré, derrière moi, et je finis par croire qu’il plane des choses surnaturelles.