Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/36

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plein soleil, tu n’existeras plus et je ne te reconnaîtrai pas si je frôle tes jupes.

J’embrasse longuement ses paupières. Elles sont douces et agitées comme de petites souris. Elle s’est redressée, essayant de saisir, dans mon langage barbare, ce qui la concerne directement. Je suis certain que ce qu’elle va dire sera mon arrêt.

— Demain, mon vieux, il fera jour et toi tu pourras te fouiller… j’ai pas besoin de marcher avec les mabouls pour manger à ma faim.

— Je ne suis pas fou, chérie. Je te vois seulement telle que tu es. Si nous pouvions tous nous reconnaître en nous abordant, nous serions tous beaucoup plus heureux.

— Tu me vois comme l’ancienne ?

— Oui…

— Une femme chic ?

— La reine Cléopâtre.

— C’est crevant… je ressemble à Cléo, moi ?

— Non, tu n’as qu’un bandeau et elle en a deux… parce qu’elle est esclave.

— Si je te prends le demi-louis, est-ce que tu te fâcheras ?… Moi ça m’embête de faire