Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/40

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Quand j’envoie des roses roses à Thilde, je n’oublie pas Lia, et les deux bottes, vêtues d’un semblable papier innocent, vont répandre, par l’intermédiaire d’un même porteur, la même illusion de respectueuse tendresse en deux atmosphères très différentes.

Je ne trompe point ces deux femmes. D’abord, je ne fais jamais deux visites à la fois, ensuite, elles se connaissent et sont pleines de prévenances l’une pour l’autre. Elles ne se doutent pas de leur parenté dans mon cœur. Leur confier des détails sur nos intimités réciproques serait un manque d’éducation dont je suis incapable.

Mme Saint-Clair est une musicienne de grand talent. Elle est libre. Je vais chez elle tous les jeudis.

Julia Noisey est la femme d’un architecte, charmant garçon, assez bon causeur, que j’estime beaucoup. Elle vient chez moi quand la fantaisie lui en prend. Cette fantaisie l’amène, du reste, à tort et à travers, et risque, souvent, de se heurter à mes propres caprices. Nous renouons toujours. Je l’amuse. Elle m’amuse, nous nous quittons et nous nous retrouvons bons amis.