Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/41

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Je ne trompe pas ces deux femmes puisque je les aime autant l’une que l’autre et que je leur donne juste ce qu’elles me demandent.

À l’une, des roses naturelles, tout mon amour.

À l’autre des roses pompons… tout mon esprit.

Mais je crois que je n’ai pas assez d’amour et pas assez d’esprit, parce que, de ces deux trésors… il m’en reste encore un peu pour les voisines.

Sont-elles bien toutes deux dans mon cœur ?

Ou dans mon cerveau ?

Non, pas dans mon cerveau. La chimère est jalouse, elle, et je suis obligé, par métier, de conserver ma liberté cérébrale

Elles sont donc dans mon cœur. Triste cœur ! Une chambre trop vaste aux trop nombreux escaliers de service qui communiquent trop avec le sous-sol.

Je garnis cette chambre de meubles bistournés, de divans profonds, de fleurs capiteuses (il y manque un lit où l’on puisse dormir du sommeil sans rêve), et quand tout est en ordre, amour, délice et orgue, c’est-