Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/59

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Je suis persuadé qu’elle a un autre amant que j’ignore, mais dont je sens l’haleine dans ses cheveux quand je la respire, ce doit être un petit cousin quelconque, se servant de parfums violents pour imiter sa première maîtresse. Je suis sûr qu’elle en aura trente avec la même sérénité d’âme. L’amour ne l’amuse pas. Elle cherche un monsieur qui… (la plus élémentaire pudeur ne me permet point de m’expliquer ce qu’elle cherche), je ne suis pas ce monsieur. Je lui ai indiqué un vieux peintre, un ami de Massouard, dont c’est la spécialité. Il est complètement gaga. Elle n’ose pas y aller et en attendant me supporte…

Ce soir, elle est drôlette, ses jolis yeux de petite myope sont humides, ses courts cheveux frisés lui donnent l’allure d’un agneau qui serait enragé et elle dit des tas de bêtises grosses comme le monde, en faisant onduler sa jupe vraiment trop longue pour elle. C’est toujours un petit animal habillé dont le corps danse nu sous une robe.

Je n’écoute ni sa voix aigrelette, qui siffle sur certaine note en disant l’Adieu, ni les compliments de Thilde, indulgente parce