Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/58

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Hélas, je ne peux pas partir, moi, je suis presque le maître de la maison.

Onze heures. Voici Julia, elle est seule. C’est inouï… Comment a-t-elle fait pour lâcher le mari ?

Je me lève sournoisement et j’arrange ma cravate devant une glace : notre signal. Elle mord son petit doigt, elle a compris.

Diable… mais ça va faire deux visites à la fois, alors !

Je sens que mes belles résolutions de pseudo-fidélité, ou pour l’une ou pour l’autre, se détraquent.

Julia Noisey est une petite poupée potelée, vive et rieuse, au moins dans le monde. Elle n’a pas de cervelle, pas de sentimentalité, pas de morale (la morale de la femme, c’est son amour, et elle n’aime rien). Elle est complètement folle, personne n’a l’air de s’en apercevoir. Son mari, un jeune homme, l’adore, la gâte et ne lui impose aucun enfant. Elle m’a fait l’honneur de m’accepter pour amant parce que j’avais écrit des choses sur les névroses. Elle s’est bien vite doutée que je n’étais pas plus vicieux qu’elle, autant seulement, et on s’est querellé tout de suite.