Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/90

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j’écris, machinalement, la première phrase venue :

« Nous avons sur les yeux comme un voile de cendres. »

Ça n’a d’ailleurs aucun rapport avec le reste de la page.

— Est-ce que je ne vous dérange pas trop, Monsieur Rogès ?

Un voix douce, un peu tremblante, une voix de garçon embêté, fatigué, très affectueux.

Je lève la tête, subitement fou de terreur.

C’est Gaston Noisey, le mari de Julia.

Il n’est jamais venu chez moi.

Je dîne rarement chez lui, nous allons souvent au théâtre tous les trois, et nous échangeons les menues politesses d’usage entre gens du même monde qui s’estiment… de loin. Je lui épargne les trop longues intimités, les poignées de mains chaleureuses et les effusions, toujours désagréables à se rappeler quand on doit finir, un matin, par ne plus pouvoir se souffrir. Je l’ai prié, comme je le devais, de me rendre visite quand bon lui semblerait : des tableaux à voir, des livres, et un certain traité d’archi-