Page:Rachilde - La Découverte de l’Amérique, 1919.djvu/106

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sur le même rang que moi qui suis dans le fauteuil canné.

Le jardin ? Je vais vous l’expliquer, Monsieur le Docteur… c’est également une cour. Je l’ai voulu conserver tel que mon grand-père l’a arrangé. Il prétendait qu’un jardin, c’est dehors, et qu’on n’a pas ses aises quand on est dehors. Les voisins regardent par-dessus la haie, ils coupent vos arbres quand ils les gênent, les enfants dénichent les oiseaux. Et il a fait dépaver la moitié d’une cour pour y planter des fleurs, des arbustes tout autour du tilleul centenaire qui nous fut vendu avec la maison sous Napoléon Ier. La cour est fermée par des immeubles de trois étages dont les murailles, sans soupirail ni lucarne, sont tapissées de lierre. Pas de vent, pas de bruit, pas trop de soleil, et le tilleul, si énorme soit-il, a l’air dans un pot. Nous avons, en outre, une superbe collection de fuchsias, Monsieur. J’en taille un, blanc à cœur violet, en pavillon chinois. Il me