Page:Rachilde - La Découverte de l’Amérique, 1919.djvu/109

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pas attirer l’attention sur nos bouquets et on va à l’église, le plus matin possible, en évitant les commères bavardes. J’ai ma chaise près de ces dames du Saint Cordon, mais je n’entre plus en conversation avec elles, car elles m’ont froissée en m’étant la dignité de présidente sous prétexte que je n’allais jamais aux processions. Julie m’a soutenu que la société avait été dissoute après l’interdiction des processions publiques ; moi, j’ai ma tête aussi et je n’ai pas ajouté foi à ce pieux mensonge. D’ailleurs, je crois pouvoir aller à Dieu sans passer par tant de réunions mondaines, y compris les messes en musiques.

Il faut avouer que je redoute les émotions. J’ai probablement une maladie de cœur dont je vais mourir, dont ma mère et ma grand’mère sont mortes dans un âge avancé. (La vieillesse, sans ces accidents, serait une sinécure !) Oui, Monsieur, j’ai le cœur qui chavire facilement ; j’en ai ressenti les effets, pour la première fois, en