Page:Rachilde - La Découverte de l’Amérique, 1919.djvu/110

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1870, alors que j’étais déjà une vieille fille ayant coiffé Sainte Catherine, et pourtant ma mère, une créature de résignation s’il en fut, m’avait appris à dominer mes nerfs en présence des étrangers, surtout de mon père qu’elle redoutait à l’égal du feu. Un matin, je rencontrai un officier, un Prussien, qui me demanda, d’un ton très poli, le chemin de la caserne Saint-Hilaire. Je crus m’évanouir. Je savais qu’ils étaient dans la ville, mais je ne pensais pas avoir à m’en occuper, puisque la guerre ne regarde que les militaires. Je rentrai chez nous avec une palpitation douloureuse, laquelle ne m’a jamais absolument quittée. J’en retrouve tous les symptômes chaque fois que je franchis ce tournant de la rue Verte où il y a justement un pharmacien à qui je donne la cueillette de mon tilleul pour le règlement de mes ordonnances. Ah ! cet officier prussien ! J’eus l’occasion de me le rappeler souvent, au moins à l’état de fantôme, car, tous les prétendants