Page:Rachilde - La Découverte de l’Amérique, 1919.djvu/145

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leurs aïeux. Leurs voix perçantes, renvoyées par les murs du chemin de ronde, retombent les unes contre les autres avec de timides chevrotements de bêtes égorgées. Surienne et Mélusine sont de ces ogresses qui dévorent les échos, ne pouvant dévorer les enfants.

— Le jeudi, remarque la gardienne montant le perron du milieu, ils sont ici en sûreté. Pas de bêtes, pas de voiture, pas de bohémiens. C’est du bonheur pour tous les gamins des environs.

Il n’y a, en effet, que quelques oubliettes à fleur de sol et le profond précipice du puits qui rejoint la rivière sous les fortifications, mais ces dangers sont tellement anciens qu’ils font partie du musée de la ville : ils sont à l’État, aux Beaux-Arts. Les enfants comme les hommes les contemplent sans y toucher. On peut même dire qu’ils les regardent sans les voir.

Du perron du milieu, on embrasse le panorama de cette cour d’honneur où cinq